Il y a toujours 4 horizons dans le monde sans quoi il ne tournerait
pas rond, mais personne n'a jamais le regard, le pied ou le coeur assez
grands pour les embrasser tous ensemble... On est toujours d'une part
du monde, d'un côté du ciel. J'ai toujours habité celui de l'Ouest, par
naissance, par histoire, par choix. C'est, sans doute, qu'ici on est déjà
en face. Pays de bout, pays de bordure, pays d'attente et de bascule.
Chaque soir le soleil qui se couche dans l'océan s'enfonce dans l'Autre
monde et il suffirait d'un rien qu'il n'entraîne avec lui tout cet enchevêtrement
de collines, de vallées, de bois et de ruisseaux, toute cette terre mêlée
de landes, d'ajoncs, de genêts, de chênes et de pommiers, et qu'il ne
reste que l'immensité du ciel comme un désir sans fin. Le soleil est une
porte, un entonnoir, un siphon, un oeil ou le trou fait par une balle
entre les yeux d'un soldat. Par là toute réalité, toute certitude, toute
terre peut s'en aller dans un vertige d'infini.
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